Est-ce que l'image du linceul de Turin n'est tout simplement pas une simple peinture ? C'est avec les travaux de Raymond Rogers, chimiste au laboratoire de Los Alamos, qu'au début des années 2000 cette hypothèse est définitivement balayée. Explications.
De Sébastien Cataldo, le 28 janvier 2017
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Les controverses portent aussi sur la nature de l'image, et son mode de "fabrication", les deux aspects étant bien sûr liés.
Bien que l'on ne puisse pas encore expliquer "comment" cette image s'est imprimée sur ce linge, on a en revanche une idée de la nature de cette image et de ce qui sert de “support “ à la couleur.
L'hypothèse d'une peinture est éliminée et ce pour plusieurs raisons simples.
D'abord, l'image n'est visible dans son ensemble qu'avec un recul d'environ 2 mètres. Or pour peindre une image d'une telle précision anatomique, une aussi grande distance est inconcevable.
L'image du linceul est-elle une peinture ?
Elle n'en a en tout cas pas les caractéristiques chimiques, ni ne provient d'un style pictural connu.
Elle n'a pas non plus de bords et ne se trouve pas sous les taches de sang.
Ensuite une peinture est composée d'un pigment qui définit sa couleur et d'un liant qui fixe le pigment sur le support.
1) La coloration formant l’image est extrêmement superficielle : seules les 2 ou 3 fibres en surface des fils « exposés » sont colorées. Absence de capillarité, discontinuité de l’image sont autant d’arguments contre la peinture. Si le liant est extrêmement dilué il y a capillarité et l’image devient floue et la couleur s’enfonce dans le tissu. Si au contraire il est très concentré, les fibres sont collées entre elles. Rien de tout cela n’est observé.
Microphotographie de fils de la zone image montrant la superficialité et la discontinuité de la couleur (certaines fibres colorées, d'autres fibres adjacentes non colorées). © Mark Evans, 1978
2)La présence de particules d’oxyde de fer qui pourraient correspondre à du pigment (ochre rouge) a été observée mais majoritairement dans des zones sans rapport avec l’image (marge des taches d’eau et sang brûlé) et semble plus en rapport avec des réactions naturelles.
Zone sang à comparer à la microphotographie de la zone image: leur propriétés sont radicalement différentes.(c) Mark Evans, 1978
3)La présence de vermillon et de quelques autres pigments artificiels a été notée mais en très faible quantité et sans rapport avec l’image ou le sang mais probablement par contamination (on sait que de nombreuses reproductions peintes du linceul ont été pressées sur le linceul en vue de « sanctification »).
Le sang a traversé le tissu. L'image dans son entier ne retrouve pas sur l'envers du linceul. L'image se trouve sur une surface extrêment fine sur les fibres les plus externe du tissu sans toutefois traversé ces fibres. Aucune peinture ne peut faire cela.
Selon Isabelle Piczeck, aucune peinture sur tissu ayant subit l'histoire qu'a connue le linceul, n'aurait pu nous parvenir en aussi bon état : des craquelures, des zones manquantes seraient visibles, d’autant que l’on sait que le linceul a été roulé et déroulé, plié et déplié de très nombreuses fois. De plus, selon Rogers qui a mené de nombreuses expérimentations, avec l'incendie de 1532 la peinture aurait été fortement dégradée. Or les observations montrent que l'image proche des brûlures n'est pas altérée ce qui n’aurait pas été le cas si cela avait été de la peinture sur lin.
Enfin et surtout, aucun des nombreux tests effectués par le STURP, n’a décelé la présence de pigment ou toute autre substance ajoutée alors que ces tests avaient précisément été conçus dans ce but.
Si ce n'est pas une peinture ni un quelconque procédé de transfert connu (qui de toute façon nécessite aussi l’ajout d’une substance colorée étrangère), quelle est la nature de cette image ?
Tous les tests effectués par le STURP, aussi bien sur le linceul entier (spectroscopie etc.) qu’ultérieurement sur les fibres (microchimie, microspectroscopie etc.) montrent que l’image résulte de la dégradation par oxydation et déshydratation des fibres de lin, analogue à ce que l’on observe lors du vieillissement naturel de celui-ci. Tout se passe comme si les zones « image » avaient subi un vieillissement accéléré par rapport au reste du tissu.
Photographie en lumière transmise (éclairée par l'arrière) qui montre que l'image est bien extrêmement superficielle puisqu'elle n'est pas visible, alors que le sang l'est. © Barrie Shortz
Un chauffage à relativement faible température permettrait théoriquement d’obtenir le même résultat et de nombreuses expériences ont été menées dans ce sens. Aucune n’a abouti. Il faudrait, pour avoir un résultat identique a ce qui est observé sur le linceul un contrôle extrêmement précis de l’expérimentation.
Même avec les moyens actuels, on n’a jamais pu obtenir un résultat acceptable au niveau microscopique sans compter les autres difficultés comme celle, par exemple, d’obtenir l’extraordinaire résolution de l’image observée sur le linceul.
Plus récemment, en 2004 Raymond Rogers(1), a repris l'analyse de toutes les données collectées depuis 1978, et, à la lumière des connaissances historiques sur la fabrication des tissus de lin, et une connaissance approfondie de la chimie des hydrates de carbone proposa une autre hypothèse sur la nature de l’image.
Il remarqua en effet que la couleur jaune de l’image est située en surface des fibres et non dans les fibres. En microscopie de phase à haute résolution, la coloration semble concentrée dans une couche ultra fine, à la limite de la visibilité, située sur la surface des fibres. Cette couche de 0,2 à 0,6 microns d’épaisseur semble adhérer à la fibre et semble comme desséchée et manquante par endroit.
Il fit alors l’hypothèse suivante : l’image ne serait pas portée par la cellulose du lin mais par une couche ultra-fine d’impuretés en surface des fibres. Ces impuretés se seraient déposées au cours du processus de fabrication du tissu.
Sur les anciens métiers à tisser, on enduisait d'amidon les fils de chaîne pour en faciliter le tissage.
Puis on lavait le tissu terminé au savon naturel à base de saponaire avant de le rincer à l’eau claire et de le faire sécher au soleil.
Malgré ce rinçage, quand l'eau s'évaporait au soleil, une fine couche constituée de résidus d’amidon, de saponaires et d’autres impuretés se déposait avec l'eau de rinçage, sur les fibres de lin situées en surface du tissu.
Après évaporation, cette fine couche d'impuretés concentrée recouvrait donc toute la surface du tissu.
R. Rogers a pu tester ce principe d’évaporation-concentration en rajoutant un marqueur bleu à la solution de lavage, et a ainsi pu démontrer que ce marqueur se trouve uniquement à l'extrême surface du tissu après évaporation de l'eau, exactement comme ce qui est observé pour le linceul.
R. Rogers définit donc l'image comme "la conséquence d’une réaction chimique de déshydratation oxydative avec formation de composés carbonyles à double liaison affectant des structures composées d’hydrate de carbone". Ce sont ces groupes qui seraient les chromophores c'est-à-dire les porteurs de la coloration définissant l’image.
En terme clair, l’image résulterait d’une réaction chimique localisée à certains endroits (l’image) affectant les composés formant la couche d’impuretés présente sur toute la surface du tissu. Il faut noter que ces composés sont fondamentalement de la même famille chimique que la cellulose mais beaucoup plus petits et réactifs que celle-ci.
R. Rogers a rajouté un marqueur bleu à la solution de lavage du tissu, et a ainsi pu démontrer que ce marqueur se trouve uniquement à l'extrême surface du tissu après évaporation de l'eau, exactement comme ce qui est observé pour le linceul- © R.Rogers
Nous avons donc 2 hypothèses concernant la nature physico-chimique de l’image et toutes deux sont compatibles avec ce qui est observé (et à ce jour ce sont les seules) :
Dans les 2 cas, l’image résulte d’une déshydratation/oxydation de molécules de sucres (polysaccharides).
Soit de la cellulose formant les fibres de lin : dans ce cas le processus n’aurait touché que la couche externe des fibres.
Soit les fibres de lin ne sont pas touchées mais c’est une couche ultra-fine d’impuretés situées en surface des fibres les plus en surface du tissu (formée par évaporation/concentration) qui est le support de l’image. Ces impuretés sont fondamentalement de même nature chimique (polysaccharides) que la cellulose mais beaucoup plus instables et réactives que celle-ci. C’est pourquoi il n’est pas facile de les différentier.
A ce jour, il n’est pas possible de trancher formellement.
Mais en quoi est-ce important ? La réponse est simple : l’énergie nécessaire pour dégrader et colorer la cellulose est bien supérieure à celle qui est nécessaire pour dégrader les impuretés postulées par Rogers. Autrement dit, autant il est difficile de concevoir un phénomène physico-chimique suffisamment intense pour dégrader uniquement la surface des fibres de lin (cellulose) sans affecter les couches profondes ou la totalité de celles-ci, autant il est (potentiellement) possible d’imaginer des réactions chimiques à basse température capables de modifier dans un laps de temps relativement court une couche d’impuretés superficielles.
Si nous savons ce que n’est pas l’image (une peinture ou tout autre composé coloré ajouté, une brûlure etc..), et si nous savons approximativement la nature chimique de celle-ci, nous ne savons pas à ce jour quel phénomène physique et/ou chimique est à son origine.
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Références :
1- 1- http://www.shroud.com/pdfs/rogers2.pdf
Les dernières infos du site
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Des reliques du Christ, aux batailles théologiques des premiers temps de l’église, jusqu’au récit des pèlerins sur les trésors fabuleux de Constantinople, découvrez à travers un texte passionnant et extrêmement fouillé si le linceul de Turin peut être qualifié de 5e évangile, celui de la Passion !
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Les liens vers les autres dossiers scientifiques :
- Les caractéristiques de l'image et du tissu
- L'échantillon pour une datation
A propos du site
Le linceul de Turin ou Saint Suaire est un objet archéologique fascinant, qu’il soit un vrai linceul ayant recouvert le corps de Jésus de Nazareth ou qu’il ait été créé par l’homme pour représenter la Passion et la mort du Christ. Mais comme toutes les « reliques », ce tissu et cette image opposent les croyants que les sceptiques. Ce site, les conférences et les livres qui sont proposés par l’auteur sont là pour faire la différence entre croyance et science, démêler le vrai du faux et dépassionner les débats en ne proposant que l’approche scientifique du sujet. Même s’il est possible de faire de ce linge le rapprochement avec le linceul du Christ pour un croyant, il n’en reste pas moins que c’est la science et l’histoire qui pourront confirmer ou non l’authenticité du linceul de Turin. Enfin, même si la science continue d’affirmer que ce linceul n’est pas celui de Jésus de Nazareth, car il ne faut pas oublier qu’il peut toujours s’agir d’un « vrai » linceul ayant contenu le corps ensanglanté d’un homme quelque soit son époque, il n’en reste pas moins que l’étude de son histoire et le mode de « fabrication » de son image restent des recherches passionnantes et constituent l’essentiel des propos de l’auteur. Quelle que soit l’issue de cette « histoire », l’auteur proposera d’étudier ce linceul comme tout autre objet archéologique d’un point de vue historique et scientifique pour comprendre comment il a été « fabriqué ».
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